Annoncer le diagnostic et se former à l’annonce

L’annonce d’un cancer est un véritable choc pour la personne qui la reçoit et un moment crucial dans le parcours de soin. Basée sur l’écoute elle doit être prudente et personnalisée. La personne vivant avec un cancer ne doit pas être abandonné avec ses angoisses.

Le délicat moment de l’annonce

La position du professionnel de santé qui annonce une mauvaise nouvelle est délicate ; il faut trouver les mots justes et il est nécessaire de créer un climat de confiance, de prendre le temps, de laisser la personne touchée par un cancer exprimer ce qu’elle ressent. De la laisser « digérer » l’annonce de la maladie, des traitements lourds, des changements que cela va impliquer dans sa vie quotidienne, de lui proposer d’en reparler plus tard et d’ouvrir une fenêtre sur l’espoir porté par la prise en charge proposée.

« Cette annonce c’est comme un ricochet, un premier choc puis une confirmation. Vous vous êtes dit que cela ne pouvait pas vous arriver et là vous sentez que le ciel vous tombe sur la tête. »

Christine, 56 ans, en rémission depuis 3 ans.

« La rencontre avec le médecin, c’est majeur, c’est l’espoir d’avoir des réponses à ses questions, c’est pouvoir exprimer toutes les peurs et inquiétudes. La qualité de la relation, l’écoute, l’échange a conditionné ma capacité à me projeter dans le futur. »

Claire, en rémission d’un lymphome depuis 6 ans.

Une attente interminable…Et une douche froide

Même si l’attente entre les premiers symptômes ou examens et le diagnostic est normale, comme le raconte Christine, « la période entre le premier examen et la confirmation de l’existence d’un cancer est souvent long et cette attente peut être insupportable. Vous avez l’impression de ne pas être acteur, de subir cette attente, ce stress et cette angoisse qui vous envahissent, les questions sans réponses …». Il est donc important de donner du sens, d’expliquer et d’écouter. Même si cela ne raccourcit pas cette attente, pouvoir exprimer ses angoisses et ses peurs, permet certainement de mieux l’accepter et crée un climat de confiance favorable.
La plupart des personnes qui vivent ou ont vécu avec un cancer ont perçu l’annonce du diagnostic comme un moment d’une brutalité extrême, une douche froide voire un tsunami. A la stupéfaction se succèdent souvent des moments de peur, d’angoisse, de questionnement, de découragement, voire, de déni. Il faut du temps pour intégrer cette information et accepter la maladie. Mais, l’envie de vivre, continuer ses projets et se battre poussent souvent à réagir. Et ce moment d’annonce est essentiel pour la suite.

« Le médecin m’a dit : dans une semaine, je vais vous annoncer si vous allez vivre ou mourir, ça m’a choqué, aujourd’hui encore d’y repenser ça me fait mal . »

Adriana, 43 ans, en rémission d’un cancer de cavum depuis 3 ans.

« J’ai fait face à une erreur de diagnostic qui a été faite par téléphone. Cette annonce a été très inquiétante. Je suis partie avec ce mot « cancer » seule. C’était un coup de massue. 5 minutes avant tout allait bien et après je repars avec ce mot. J’étais seule avec un diagnostic non entendable, sans ressource avec le nom d’un hôpital que je ne connaissais pas. Il fallait que je me débrouille seule. C’était insupportable. J’ai mis toute mon énergie pour avoir ce rendez-vous dans ce nouvel hôpital. La mise en action m’a permis de dépasser l’état de sidération. »

Claire, en rémission d’un lymphome depuis 6 ans.

« L’annonce c’est la frontière entre la vie d’avant et celle avec la maladie, la vie d’après. L’annonce c’est le top départ de la prise en charge. L’annonce deviendra une date de notre vie, une date inoubliable ». Après cette annonce, il faut le temps pour accepter, pleurer, en parler à ces proches, remettre ses idées en place, comprendre que l’on ne sera pas seul. L’annonce c’est le début du combat. »

Christine, en rémission d’un cancer du sein depuis 2 ans.

le dispositif d’annonce : mesure phare du Plan Cancer 2003-2007

L’annonce d’une maladie grave est toujours un traumatisme pour le patient et il faut du temps pour intégrer ce diagnostic. Mesure-phare du Plan cancer 2003-2007, le dispositif d’annonce a été expérimenté entre juin 2004 et mai 2005 dans 58 établissements en co-pilotage avec la Ligue Contre le Cancer et est actuellement en cours de généralisation sur l’ensemble du territoire.

Son objectif : permettre à la personne vivant avec un cancer de bénéficier des meilleures conditions d’information, d’écoute et de soutien et s’articule autour de 4 temps :
1 • UN TEMPS MEDICAL
Il correspond à une ou plusieurs consultations dédiées à l’annonce du diagnostic de cancer, puis à la proposition d’une stratégie thérapeutique définie lors de la réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP). Le projet thérapeutique est présenté et expliqué au malade. La décision thérapeutique, comprise et acceptée par le malade, lui sera ensuite remise sous forme d’un programme personnalisé de soins (PPS).
2 • UN TEMPS D’ACCOMPAGNEMENT SOIGNANT
Il permet la possibilité au malade ou à ses proches d’accéder, selon leurs choix, à des soignants (en général un infirmier mais il peut s’agir aussi d’un manipulateur d’électroradiologie médicale). Ce temps peut se dérouler aussitôt après la consultation médicale ou quelques jours plus tard. Le soignant écoute le malade, reformule ce qui été dit pendant la consultation médicale, donne de l’information sur le déroulement des soins et peut orienter le malade vers d’autres professionnels (assistant social, psychologue…).
3 • L’ACCÈS À UNE ÉQUIPE IMPLIQUÉE DANS LES SOINS DE SUPPORT
L’accès à une équipe impliquée dans les soins de support permet au patient d’être soutenu et guidé dans ses démarches, en particulier sociales, en collaboration avec les équipes soignantes. La personne malade pourra ainsi rencontrer, en fonction de sa situation et si elle le souhaite, des professionnels spécialisés (assistant social, psychologue, kinésithérapeute, nutritionniste…).
4 • UN TEMPS D’ARTICULATION AVEC LA MÉDECINE DE VILLE
Il est indispensable que le médecin traitant soit informé en temps réel, en particulier dès ce premier temps de la prise en charge hospitalière. Il reste un interlocuteur privilégié du patient et doit être associé au parcours de soins. Le dispositif d’annonce s’appuie ainsi sur un travail de liaison et de coordination entre les différents professionnels concernés.

Source : Site de l’Institut National du Cancer : Dispositif d’annonce (cliquez ici)

Se former à l’annonce

L’annonce du diagnostic s’apprend, car la position du soignant est délicate. Comment trouver la bonne attitude et les mots justes face à une personne inconnue et vulnérable.
Voici quelques exemples de dispositifs de formation sur l’annonce du diagnostic proposés par le réseau UniCancer :
UNICANCER : Les entretiens soignants dans le dispositif d’annonce
UNICANCER : Processus d’annonce d’une mauvaise nouvelle en cancérologie
UNICANCER : Relation soignant/soigné lors de l’accompagnement dans le cadre du dispositif d’annonce